Le problème avec le mal des autres que tu vois partout, c’est pas que tu ne le vois pas, c’est que tu ne peux rien y faire.
Non non, c'est là où tu as loupé une marche. Je suis passé de l'approche bouddhiste à l'approche chrétienne. Qui est aussi bouddhiste sur ce point précis, mais non pratiquée chez les bouddhistes Occidentaux. Il s'agit de tranmuter les contenus de son esprit en contenus "divins", et il se trouve qu'au bout d'un certain temps, ça contamine toutes les perceptions. Je dirais que ça a commencé l'an dernier où un serveur de restaurant japonais avec qui je parlais des poissons rouge de l'aquarium du restau m'a semblé une personne merveilleuse. Mais l'autre jour j'ai carrément sursauté quand j'ai eu une brève "sensation" de sainteté en regardant mon opticien. Mon sursaut m'a remis temporairement les yeux en face des trous, il était gros, laid, en mauvaise santé, et il n'y avait franchement aucun indice qu'il puisse être une personne intéressante, il avait plutôt une tête de pervers si on essaie d'être objectif.
Donc quand j'ai lu le blog de S*, j'en ai retenu tout ce qui pouvait alimenter ma terre pure, et jeté le reste. Quand il s'est mis à m'insulter ça m'a fait tout drôle, mais ce qui compte, c'est que j'ai au final un bon souvenir.
Quand j'ai discuté ensuite avec B* (un ancien ami), bien qu'il m'ait accueilli comme un poisson pourri pendant 3 mails et fait au moins 3 primaux par la suite en m'accusant d'un mal très ancien commis par son instituteur si j'ai bien compris, je n'ai retenu que le divin, ce qui est d'autant plus facile avec lui qu'il en contient quand même un peu. Alors certes c'était choquant de voir comment il pouvait s'adresser à d'autres, c'est comme si quelqu'un avait jeté un gros tas de *** sur une icône que j'étais en train de peindre.
Je commence à comprendre pourquoi les ermites ne fréquentent les gens que de loin. Quand on les fréquente d'assez loin, on peut finir par les croire saints, or c'est finalement le but, quand on est chrétien. C'est du délire total au niveau mondain, mais au niveau intérieur, on vit dans une univers frais, clair et ensoleillé, plutôt que dans la boîte de nuit enfumée de l'esprit ordinaire. Et on se dit petit à petit, que quel que soit le prix à payer, on le paiera.
Je me demande d'ailleurs si Chepa Rinpoche n'était pas dans une terre pure de ce genre quand il est arrivé en France, car il donnait à tout le monde le bon Dieu sans confession. Il lui a fallu quelques années à manger du riz dans une chambre de bonne pour se rendre compte qu'à ce train il allait finir dans la misère, et il a pris la mauvaise décision. Celle de l'argent, du pouvoir, et finalement des filles. Résultat il a bien dégringolé de sa terre pure et je pense que le jour de sa mort prématurée il s'en est mordu les doigts. Il pensait sans doute avoir le temps de se rattraper, il ne l'a pas eu.
Ce qui soulage, pour avoir été l’objet de ton attention à une époque où tu savais éclairer en nommant, c’est de comprendre que si on cesse de s’abandonner au mal, on peut en espérer très raisonnablement un soulagement et une paix qui ne soient pas que des vues de l’esprit.
C'était l'approche rationnelle et bouddhiste. Maintenant je tente l'approche surnaturelle. Qui est sans doute bien plus délirante, je le concède. Et peut-être plus difficilement praticable par écrit. Parce que ce qui est rationnel se laisse assez bien exposer, mais ce qui est surnaturel ne passe pas par le même chemin, et en plus notre époque y est tellement hostile que moi-même je vois mal comment ça pourrait marcher. Je veux dire que même si demain tu arrivais en me disant "Dieu existe, je l'ai vu cette nuit ! Que puis-je faire maintenant ?" je te dirais que tes ennuis ne font que commencer, parce qu'il n'y a plus guère d'Eglise digne de ce nom. Enfin, j'ai plus ou moins converti deux personnes depuis que je tente cette approche et je n'en suis pas fier, la première est redevenue la grenouille de bénitier qu'elle rêvait d'être dans son enfance, la seconde s'est je crois offusquée de certaines remarques que je lui ai faites. Le problème des convertis, c'est qu'il sont généralement d'un orgueil délirant (exactement comme tout le monde à notre époque) qu'il faut quelqu'un pour les suivre, une Eglise, donc, et ça n'a plus rien à voir avec ce que c'était autrefois, ceux qui ont vécu les deux époques en ont témoigné. Actuellement je ne saurais plus où envoyer qui que ce soit, sauf peut-être au Mont Athos, ce qui ne marche qu'avec une moitié de la population.