Journal d'un pèlerin - 9/1
20 octobre 2015
L’office de la matinée a mal commencé, puisqu’un moine m’a jeté du temple central et j’ai fini dans le narthex, à somnoler comme les autres moines et les pèlerins là.
Mais après le repas, qui était excellent, composé d’une moussaka délicieuse et de chou cru râpée et aromatisé au citron et l'huile d'olive, comme la plupart des moines étaient dans la cour, j’en ai profité pour observer un peu et j'ai remarqué un vieux moine qui, à la place de l'air renfrogné affiché par la plupart, avait un sourire constant et doux. Je me suis assis à proximité, mais il était entouré par des gens qui voulaient lui parler. Je me suis approché lentement et il a réalisé que je voulais lui adresser la parole. Quand il est finalement resté un peu plus seul, je me suis approché et dit quelques-uns des mots qui j’avais essayé de mémoriser, mais pour la plus grande part j’ai dû m'aider du petit papier fait avec le Père Ambroise. Il m'a demandé d'où je venais et si j’étais catholique, et m'a conseillé de devenir Orthodoxe. Vu que la communication était très limitée, il a appelé quelqu'un qui parlait anglais, et peu de temps après est arrivé le Père Pavlos, avec 2 moines. Entretemps, je demandais le nom du vieux moine à un des pèlerins qui avaient discuté avec lui : « Père Panaretos », qui signifie «toutes les vertus." Un beau nom!
Père Panaretos s’est hâté de m’appeler dans son groupe et Père Pavlos m'a présenté à un des autres moines, qui était l’Higoumène du monastère. Je lui ai expliqué que je venais au Mont Athos parce que je voulais devenir moine mais qu'auparavant, je voulais connaître l'environnement monastique. Mais les difficultés étaient grandes, car je devais déménager dans un autre pays et apprendre le grec. Et parce que j'espérais aussi trouver un père spirituel. L’Higoumène voulait savoir quels monastères j’avais visité, puis le Père Panaretos m'a dit qu'on se parlerait à nouveau, vu que je serais là jusqu'à demain.
Peu de temps après, pendant que je lisais et écoutais de la musique dans la cour, le Père Pavlos est venu me voir et s’est mis à disposition pour 1 h, afin que je puisse lui poser toutes les questions que je voudrais. Dans une salle privée, je lui ai donc résumé ma vie et les raisons de ma venue ici. Le 1er pas à faire, dit-il, est de recevoir le baptême. «Grâce à lui, vous pourrez sentir la grâce de l'Esprit Saint, quelque chose dont les enfants et les bébés ne peuvent pas avoir conscience sur l’instant. Et à partir de là votre esprit deviendra plus clair et Dieu vous guidera vers les prochaines étapes qui s’avèrent être nécessaires. Soit que vous deveniez moine ou que vous trouviez un père spirituel".
Nous avons également longuement parlé de l'état du monde, tout en reconnaissant que sa fin doit être proche, compte tenu de la dégradation générale. Et sur le Mont Athos, les routes et les voitures en excès, et l'invasion de la forme de vie occidentale. Il n'est pas d'accord avec tous ces changements, comme beaucoup d'autres moines, mais la plupart, qui sont surtout des « jeunes », ont décidé de «moderniser» le Mont Athos.
À la fin de l’entretien, il m'a conseillé d’aller voir les autres monastères comme prévu. Étant donné que je disposais encore de plus de 10 jours, pourquoi pas profiter pour connaître les autres lieux, surtout Vatopedi, pour demander à être baptisé parce qu'ils sont enclins à donner cela aux catholiques qui leur demandent, et ils ont les moyens d'offrir la cérémonie.
Je profite pour lire quelques passages intéressants d'un livre d'un certain Ignace (Briantchaninov ?), évêque russe, écrit en 1867, contenant divers conseils pour ceux qui débutent dans la vie monastique, et même pour les plus avancés. Déjà en son temps, il déplorait la mauvaise qualité des moines, dont les vertus avaient considérablement diminué depuis les 1ers siècles du christianisme. Les tentations et les dangers étaient devenus plus subtiles et pénétrants, et le manque de saints et de bons directeurs spirituels était la plus grande catastrophe de l'époque, parce qu'il y avait seulement la lettre des livres et il était presque impossible, pour ceux qui venaient d’entrer dans la vie spirituelle, de savoir comment mettre en pratique une ascèse. Cet état de faits semble avoir été prophétisé par certains Pères du désert (par exemple Abba Ischyrion).
“They asked him : “What will do those who come after us ?” Abba replied: “They will do half as much as we have done”. Again they asked : “And what will those who come after them do ?” Abba Ischyrion replied: “They will not have any monastic activity whatever, but they will be permitted to have troubles and afflictions, and those who persevere will be superior to us and our fathers”.
(st Tichon of Voronezh ?)
“The Saviour of the world could scarcely find refuge in insignificant and remote Nazareth in order to hide from Herod and from the Jewish scribes, Pharisees, priests and chief priests who so hated Him. So too in last times a true monk will hardly be able to find some remote and unknown refuge in which to serve God with some degree of freedom, and not be drawn to by the violence of apostasy and the apostates of satan.”
(the holy Fathers):
“ In the last days, those who will truly work for God will safely hide themselves from men and will not perform signs and miracles as at the present time, but they will go by the way of activity, combined with humility.”
(1 Tim. 3:1-5)
Dans le même livre, ce que l'auteur appelle l'attention, c’est la concentration requise pour conduire les vents dans le canal central et au centre du cœur. C'est-à-dire unir l'intellect au cœur. Il y a d'autres méthodes complémentaires, plus physiques, tel le contrôle de la respiration, qui aident, mais la chose principale c’est l'attention, et il est difficile de l'apprendre.